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Gros plan, politique

Europe Ecologie et les jeunes de Bretagne : encore beaucoup de travail en perspective.

Il y a quelques jours, le conseil régional de Bretagne adoptait une « charte d’engagement pour les jeunes en Bretagne ». Quelques temps auparavant, les jeunes UDB d’un coté, les élus régionaux Europe Ecologie en collaboration avec les jeunes écologistes de l’autre, publiaient leurs propres propositions d’actions du CR en faveur des jeunes bretons. Tout d’abord, que proposent les verts ?

Je voulais commencer par commenter le texte de l’UDB, premier publié. Problème : s’il comporte visiblement de bonnes idées, il est aussi über bordélique et il va falloir un bon bout de temps pour le décortiquer. Bref, suivant – mais il ne perd rien pour attendre. Alors que nous apprend le texte des Verts ?

Premier point : C’est un texte qui a déjà le mérite d’exister : Europe Ecologie est le seul parti hexagonal ayant  fait cette démarche de proposer un projet alternatif pour la jeunesse bretonne, et de placer les actions du conseil régional au centre du débat, de montrer l’importance de cet échelon. Deuxième point : c’est propre. Le texte est clair, accessible, présenté simplement même si le graphisme n’est pas forcément du meilleur goût, et on comprend vite le projet et les propositions. C’est aussi un texte mis en avant, qui a été valorisé via une action de rue menée par les jeunes écologistes. Jusque là tout va bien.

Une ligne éditoriale sans ambition

Lorsqu’on entame la lecture, on commence par remarquer que le texte est écrit dans le cadre du groupe au conseil régional, et seulement en collaboration avec les jeunes du parti. Si il s’agit de propositions dans le cadre des compétences actuelles de la région Bretagne, cela peut paraître logique. Si il s’agit d’un projet pour la jeunesse de Bretagne, d’un texte ambitieux, c’est plus problématique, pour le moins.

Plusieurs points ressortent de l’introduction du document. Au positif, le fait que les politiques liées à la jeunesse doivent être guidées par deux termes, diversité (des situations, des personnes, des cultures…) et autonomie (émancipation, responsabilité). On observe une vision positive et responsabilisante (qui se retrouve par la suite dans des propositions concrètes), dans une société française réputée pour son manque de confiance envers les jeunes. Au négatif, la vision territoriale : la région doit développer une politique pour les jeunes, mais les propositions présentées s’inscrivent clairement dans « l’échéance globale » de 2012. Dans la suite du document, les propositions se divisent d’ailleurs  en deux niveaux : les politiques globales au niveau de l’hexagone, des mesures techniques au niveau du conseil régional, et uniquement dans le cadre des compétences de celui-ci. On trouve dans ce document très peu de contenu autour des spécificités ou d’une simple définition de la jeunesse bretonne, et pas même l’idée de demander pour le conseil régional les moyens (compétences et finances) de mettre en place une politique ambitieuse pour la jeunesse.

Dans le détail : des mesures solides… mais incomplètes.

Dans le détail, les mesures proposées sont presque toujours solides, qu’il s‘agisse des principes ou de l’application. Les propositions concernant la gestion publique des fêtes, la mobilité intra-bretonne, le « droit à la parole » en particulier paraissent cohérentes et complètes. De même pour le sujet de la culture, hors question linguistique (on peut tout particulièrement noter la question de la liberté des échanges sur Internet). Le problème, ce n’est pas ce qui est là, c’est ce qui manque.

Pour le logement, les propositions n’abordent que la question des grandes agglomérations. Et les jeunes littéralement chassés du littoral par le coût de l’immobilier induit par les résidences secondaires ? Agir sur ce sujet recoupant préoccupations environnementales et  sociales aurait pourtant paru évident pour les Verts.

Pour l’enseignement, si les principes sont sains (expérimenter et investir), on ne voit rien ou quasiment concernant deux sujets de fond : d’une part l’avenir des universités, avec la mauvaise qualité globale du système français et les inégalités grandissantes. Comment on réforme la fac ? Ou faut-il comprendre que la situation actuelle satisfait EE ? D’autre part, rien non plus sur l’enseignement des langues minoritaires. On trouve plus loin un petit point sur la question perdu dans la partie culture, à croire que l’enseignement bilingue, c’est le ghetto…

Concernant la mobilité, il n’y a absolument rien concernant l’encouragement à passer une partie de sa scolarité à l’international. Hors aujourd’hui, non seulement c’est dans tous les cas enrichissant, mais dans bien des filières universitaires, cela devient une nécessité pour réussir. Hors cadre scolaire, le conseil régional pourrait également soutenir plus activement le service volontaire européen, ou encore pousser à la mise en place d’un véritable service civique au niveau européen. Alors qu’Europe Ecologie se dit fédéraliste européen, pourquoi la dimension européenne n’a-t-elle aucune place dans ce document ?

Dans le domaine de la santé, rien non plus sur le taux de suicide anormalement élevé dans certaines régions de Bretagne, ou la pratique du binge-drinking qui rapproche plus les jeunes bretons de leurs collègues anglo-saxons que des jeunes français. Il n’y a pas de solution toute trouvée, mais les élus EE pourraient au moins montrer qu’ils ont conscience des problèmes.

Concernant les langues de Bretagne, on voit les habituelles déclarations de bonne intention… Mais pas une mesure concrète. Dommage.

Un projet pour la jeunesse bretonne ?

En conclusion ? On a la un document solide, pro, avec des propositions ponctuelles souvent intéressantes et bien pensées dans les limites fixées par la ligne éditoriale du document. Comparé aux propositions de la plupart des autres partis français, il n’y a pas photo. Le problème, c’est que ce texte, à quelques passages près, pourrait tout aussi bien s’appliquer à la région Centre. Hors, si certains sujets sont communs à la jeunesse de tout l’hexagone ou toute l’Europe, d’autres sont spécifiques aux jeunes bretons, liés à un territoire, une culture, des pratiques spécifiques. Et c’est cela qu’on aurait aussi attendu : une réflexion pour l’avenir des jeunes en Bretagne, un projet global. On aurait attendu que les élus EE nous disent : « si nous sommes aux affaires, le conseil régional prendra ses responsabilités. Il exigera les compétences pour pouvoir prendre toute sa place dans les politiques à destination de la jeunesse » . Après ce texte, on attend toujours.

Europe Ecologie ne propose à travers ce document pas de projet d’envergure pour répondre aux interrogations spécifiques des jeunes bretons. Encore une fois, le document d’EELV a le mérite d’exister. C‘est déjà plus que ce que font tous les autres partis hexagonaux, et c’est un point de départ qui mérite d’être souligné. Après tout, pour qu’on puisse critiquer ce texte, il faut déjà qu’il existe. Mais si les écologistes prétendent incarner une politique au plus proche du citoyen, avec cet exemple c’est raté. Eva Joly propose pourtant une démarche intéressante en ce sens. Dommage qu’au, niveau breton, cela aie pour le moment du mal à suivre.

En attendant mieux la prochaine fois ?

KJ

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  1. Pingback: La revue N.6 : progressisme « Sterne - 26/09/2011

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